Journal de Paul-Marie Coûteaux

"Une certaine Idée de la France et du monde"

La vertigineuse addition des délires du système des partis, de l'égotisme de notre bocal politique où se sont perdus, hélas, ceux qui ont tour à tour prétendu relever le drapeau, d'une longue suite de gouvernements nuls, de l'incurie de dirigeants qui n'ont de responsables que le nom et, par-dessus tout, de l'oubli par notre peuple de tout souci de lui-même, a créé autour de nous une situation certes douloureuse mais que la France a souvent connue : le chaos. Nous voici près de ce que Bainville appelait la "récurrente anarchie française", dont nous n'apercevons encore que les premiers prodromes. Ce n'est pas une raison pour croire que la France se meure. Qui connaît l'Histoire sait qu'elle en a vu d'autres, et que l'essentiel est toujours, et en dépit de tout, de faire vivre une idée de la France, et à travers elle une idée de la diversité et de la beauté du monde. Cette idée resurgira tôt ou tard : il suffit de la garder au coeur, de distinguer ce qui meurt et ce qui vit, de voir, de comprendre, de protéger la langue, et d'écrire. Voici la suite d'un journal que je tiens depuis 1992, dont j'ai déjà fait paraître des extraits dans un ouvrage, "Un petit séjour en France", ainsi que divers blogues-notes, "For intérieur" puis "Une certaine Idée"...


vendredi 28 février 2014

Un amour d'arrondissement

Dimanche 23 février. – En 1978, devant m'installer à Paris pour préparer l'ENA, un heureux hasard a voulu (si le hasard veut quelque chose) que je trouve refuge chez les parents de mon beau-père, qui habitaient place Saint-Michel, au numéro 6 - c'est-à-dire « côté sixième ». Merveilleux refuge ! J'habitais une petite chambre cossue, meublée empire, qui surplombait la grande place et sa fontaine, d'où j'apercevais les couples qui se donnaient rendez-vous – c'était une distraction de voir un jeune homme, ou une jeune femme, attendre, se morfondre, regarder sa montre, s'illuminer quand l'autre arrivait, tandis que se donnait libre cours la série des étreintes, ou des simples embrassades, ou des distants saluts... C'était Paris, la vie neuve, et pour le Bordelais de 21 ans que j'étais, une féérie. Les nuits m'enchantaient : chaque soir, les lumières s'allumaient de toutes parts, la ville était une grande dame qui se parait de bijoux pour sortir vers quelque fête... De jour, j'allais le plus souvent « coté sixième », vers l'Odéon, où les vieux cafés n'étaient pas chers, et souvent poussais jusqu'à Saint-Germain-des-Prés où, chaque fois, je me jurais de devenir écrivain – et de ne rien faire d'autre. Je descendais rue Bonaparte jusqu'au quai et entrais chez Sennelier, n'achetant rien souvent, sinon un  petit carnet canson ou bien une plume calligraphique. Bien entendu, j'allais de temps en temps à l'ENA, qui venait de trahir le VIe en déménageant, circ 1980, de la rue des Saints-Pères à la rue de l'Université, à trois pas : offense pardonnable, car j'ai toujours pensé que c'était presque le même monde jusqu'à la rue du Bac, que le VIe devrait annexer un jour – nous ne sommes pas opposés à certaines conquêtes territoriales, quand bien même ne l'inscrivons-nous pas au programme, pour cette fois-ci....

      Au 6ème, je fus à mon tour infidèle, m'installant quelques années rive droite, dans un dernier morceau de Halles qui n'étaient presque plus les Halles ; quand elles ne le furent plus du tout, je traversai de nouveau le fleuve et m'installai rue de Seine, qui me fit pour toujours, comme on doit, germanopratin. C'est là, à l'angle de la rue Jacob, où l'on entendait le bruit d'une petite fontaine dont l'eau, hélas, semble aujourd'hui tarie, que j'écrivis mes premiers livres – Lattès, mon éditeur se trouvait et se trouve toujours rue Jacob, le deuxième rue du Dragon, un troisième dans cette rue Servandoni, qui, entre Saint-Sulpice et le Palais du Luxembourg, est l'une des plus belles rues du monde – ex-aequo peut-être avec la rue de Seine, dont il faudrait certes améliorer la circulation mais qui, bien à l'abri entre l'Institut et le Boulevard Saint-Germain (« la Muraille de Chine », disait Blondin qui faisait semblant de ne le franchir jamais) n'est pas loin de figurer pour moi le centre du monde, une sorte de cocon qui le reçoit tout entier mais s'en protège, toujours calme comme l'épicentre tranquille de l'ouragan. Rue de Seine ! Quittée en l'an 2000, je l'ai retrouvée onze ans plus tard, passant alors, bien plus près des quais, de l'imposant 46 au petit immeuble du 25, vieillot au point d'avoir abrité D'Artagnan, mais bien en vue de l'Ecole Beaux-Arts, et presqu'à l'ombre des Académies, si près du fleuve que j'allai souvent, les nuits chaudes, prendre l'air sur le pont des Arts, qui est, par le Nord, la vraie porte d'entrée de l'arrondissement.

      Entre temps, j'ai furtivement habité rue Vavin, rue étroite fourmillante d'écoliers et de lycéens, par où l'on va d'un côté se promener au Luxembourg, où tant de choses arrivent, et de l'autre sur le Boulevard du Montparnasse où il arriva tant de choses – soit encore vers Notre-Dame des Champs, en traversant le Boulevard Raspail avec une bonne pensée pour le général de Gaulle qui vécut là une décennie... Mais mon plus long séjour fut, de 2001 à 2011, celui de la rue du Vieux Colombier, à l'angle de la rue Madame, d'où j'aperçus dix ans durant l'une des tours de Saint-Sulpice en réfection puis délivrée enfin, rendue à ses ciselés, délicate comme un gâteau en sucre. Je dus à la députation européenne de devenir pour la première fois propriétaire, et de mener meilleur train, prenant mes habitudes chez Lipp où les serveurs sont si aimables, ou chez Vagenende à la belle salle rococo, au bar du Lutétia ou du plus discret Hôtel de la rue des Beaux-Arts – ainsi que, le dimanche, en l'Eglise Saint-Sulpice, qui  vit passer et trépasser tant de nos gloires...


      Mais pourquoi parcourir ici toutes ces rues, où chaque pas m'est un souvenir ? Pour cette raison simple, découverte au fil de mes pérégrinations « sixièmistes », que l'on peut s'attacher à un quartier de Paris aussi amoureusement qu'à sa contrée, son village ou sa terre, que l'on peut trembler pour lui et l'air particulier qu'on y respire, se lamenter que son harmonie s'évapore et que vienne à s'effacer jusqu'à l'idée de lui-même... Or, c'est exactement ce qui survient à ce VIe qui est pour moi le réceptacle, pour ainsi dire la quintessence de la capitale de la France, en somme le tabernacle de l'esprit français, celui de la littérature et des beaux Arts, de la politique et des Lois, des passants chics et des parisiennes distinguées – distingué, mot si français, donc si difficile à traduire, donc si mal vu, qui dit justement comment la France est sans pareille. J'écris cela car je crois aussi que, au sens où la politique est un service, il n'y a pas de politique sans amour. J'écris ceci parce que j'aimerais que quiconque est appelé à représenter cet amour d'arrondissement consente pour lui davantage qu'un train-train de bonne gestion mollassonne et trouve le courage de se dresser comme chevalier devant son fief quand tant de périls l'assaillent.

Objection communiquante

Samedi 22 février 2014. – « - Votre harmonie esthétique, votre « esprit VIème » vous font sans doute plaisir, mais rapporteront guère de voix...

      - Je veux des voix qui me font plaisir... »

mercredi 26 février 2014

Les vérités incorrectes de l'Enchanteur

Vendredi 21 février 2014. – A tant de remugles et de complications qui s'accumulent autour de moi (après une nouvelle et de nouveau longue entrevue hier avec Marine Le Pen et, aujourd'hui, un agréable déjeuner avec Wallerand de Saint-Just, fort allant sur tous les points litigieux et notamment la fameuse appellation RBM, j'ai confirmé  ma candidature dans le VIe arrondissement), à tant de complications, donc, Chateaubriand est bien, tout au long de ces jours, la seule mais universelle consolation. Quoi qu'il touche, il enchante en effet, et plus encore quand il expédie d'un trait ce que tant  et tant de nos pages n'ont jamais su dire. Par exemple celui-ci, qui ne vise certes pas que les Roms, mais toute la déraison contemporaine : « La folie du moment est d'arriver à l'unité des peuples et de ne faire qu'un seul homme de l'espèce entière ».

      Il y a aussi le morceau, certes plus connu, sur l'historien-écrivain et la vengeance des peuples : « Lorsque, dans le silence de l'abjection, l'on n'entend plus retentir que la chaîne de l'esclave et la voix du délateur ; lorsque tout tremble devant le tyran, et qu'il est aussi dangereux d'encourir sa faveur que de mériter sa disgrâce, l'historien paraît, chargé de la vengeance des peuples. C'est en vain que Néron prospère, Tacite est déjà né dans l'empire ; il croît, inconnu auprès de cendres de Germanicus, et déjà l'intègre providence a livré à un enfant obscur la gloire du maître du monde ». Comme la plume de Tacite tint à sa merci la destinée de l'Empereur de Rome, une seule page que Chateaubriand publia dans le Mercure de France après l’assassinat du duc d’Enghien suffit à frapper le front de Buonaparte de ce mot de tyran qui le vengeait pour toujours : tel est bien le vrai génie de la France, le fin fond de cette nation spéciale où seules resteront de la gloire ou de l’ignominie des princes les pages qu’en laissent les écrivains, lesquelles sont souvent les traces les plus marquantes qu’en gardera la mémoire de leur peuple. On ne voit pas pourquoi ce serait moins vrai aujourd'hui…

      Quoi qu'il en soit, mon acceptation de mener une liste RBM-SIEL, donc, dans le VIe arrondissement, quartier littéraire s'il en est, tient en bonne part à la perspective d'y mener, justement, une campagne littéraire – du moins qui aborde les questions du jour sous l'aspect de l'essence, de l'identité, de l'esprit (postulant par exemple qu'il existe un « esprit » de Saint-Germain-des-Prés), par extension celui des mots, plus largement le souci de l'harmonie esthétique, finalement de considérations extra-politiques qui sont les seuls véritables remèdes, je crois, aux maux politiques. Exemple : c'est pour des raisons esthétiques que je ne supporte plus les enseignes en anglais, ou plutôt en américain, ni la substitution aux cafés parisiens des horribles Starbucks, ou l'installation des Roms en maintes rues du quartier, apories que je regarde comme des atteintes à une harmonie esthétique – une identité, cette confluence d'une histoire, d'une topographie, d'une  atmosphère, d'un style, d'une manière d'être au monde, de se vêtir, de se saluer dans la rue, de s'installer au café pour y parler, y lire, y écrire, en somme une harmonie essentielle, dont l'esthétique est le signe infaillible. C'est en ce sens que je suis candidat pour des raisons littéraires – ou, esthétiques. Poursuivrai demain...

jeudi 20 février 2014

Hôtel de Ville : Service public ou services inutiles ?


Mardi 18 février 2014. – Imposant Hôtel de Ville ! Vue de l'extérieur, il fait bel effet ; mais, à regarder ce qui se passe à l'intérieur, on a plutôt l'impression que la majesté du service public, que l'immeuble met si bien en scène, s'est peu à peu évaporée et qu'il n'en reste les ors et ornements, les titres, les prébendes et les oripeaux. Certes, on voit de toutes parts des « dirigeants » et des « responsables », mais on dirait des enfants qui jouent à la marelle dans la salle d'honneur d'un palais déserté. 
      La principauté de M. Delanoë est remplie de vide, d'air et de vent – ce qui n'exclut pas l'agitation. Il y existe par exemple une considérable « Délégation générale aux relations internationales » composée de plusieurs directions, sous-directions et services, chacun avec leurs conseillers, chargés de mission, et autres, tout occupés  à « mettre en œuvre le choix pour Paris, ville ouverte sur le monde (sic !) de la solidarité, du partage et de l'échange avec les pays du monde et des villes toujours plus nombreuses » ; ce charabia, qui aurait pu au moins tenter d'être francophone, en dit long sur l'inconsistance d'une multitude de projets qui ressortent plus à une paroisse ou une association charitable que d'une municipalité. J'invite les esprits curieux à faire un tour sur le site de cette Délégation, ils seront édifiés : voici, exemple pris au hasard, des « Dialogues métropolitains » entre Paris et Buenos Aires : projet portant sur les liens entre développement économique et urbanisme (sic) mis en œuvre avec la DDEEES et l’APUR ». Quel rapport avec la gestion d'une grande ville, dont les habitants ont de multiples problèmes, certes plus terre-à-terre ? Ils n'en ont cure, les grands infans d'aujourd'hui – qui hélas ne jouent pas avec des billes, mais avec beaucoup d'argent... Parviendrons nous à restaurer la notion de « Bien Public » avant que la France ne s'enfonce dans l'inexistence et le baratin ? 

Sur les reproches d'un jeune Américain à Paris, et sur une déclaration de guerre bon enfant de M. Erdogan

Lundi 17 février 2014. – On a beau dire, on a beau faire, on déplait toujours. Il y a quelques semaines, un jeune Américain rencontré dans un dîner s'étonnait de l'arrogance des « Musulmans de France » auxquels l'Etat et les municipalités françaises, disait-il, cédaient tout – et certes nos élus, M. Delanoë en tête, ne sont pas en reste de salamalecs en tous genres... Mais voici que le Premier ministre Turc nous fait le reproche inverse. M. Erdogan a même proféré cette menace publique, le 20 janvier dernier : « Si l'Europe n’accepte pas l’Islam, un nouvel holocauste est possible et les pays européens devront alors faire face à de nouvelles tragédies humanitaires menant à des massacres si ils  continuent à se montrer intolérants envers les différentes cultures et religions. Tant que le continent européen ne changera pas son approche et son niveau de tolérance, en particulier en ce qui concerne la religion, de nouvelles inquisitions et de nouveaux holocaustes, comme ce qui s’est passé à Srebrenica, sont possibles » - bref, au nom de la tolérance, une déclaration de guerre bon enfant ; à bien lire et relire les propos de M. Erdogan, on imagine un jour Paris en Vienne assiégée...

mercredi 19 février 2014

Nuages sur la campagne à Paris

Dimanche 16 février 2014. – Il n'y a pas de jour qui n'apporte son lot de contrariétés – de véritables contrariétés politiques, qui n'ont rien de superficiel. Depuis des mois, je tente de faire comprendre à Wallerand de Saint-Just que notre campagne à Paris rencontrera un succès d'autant plus grand qu'elle se présentera sous des atours nouveaux et que nous saurons mettre en avant, aux cotés d'une enseigne FN qui n'a pas toujours obtenu les meilleurs résultats, l'image d'un rassemblement bien plus large, à laquelle nous donne droit d'ailleurs la diversité des appartenances des têtes de liste – remarquable en effet. C'est ainsi que les candidats du SIEL souhaitent présenter tous leurs documents de campagne sous le nom de « Rassemblement Bleu Marine », étiquette censée figurer en gros, surmontant les noms de FN et SIEL accompagnés de leurs logos respectifs. Un temps, j'ai cru que la chose, en elle-même assez simple, était acceptée par Wallerand de Saint-Just. Et voilà que je reçois de celui-ci (comme, j'imagine, toutes les têtes de liste) l'injonction suivante :

      « Voici ce que vous devez mettre comme titre de la liste sur tous les documents administratifs : « Paris capitale de la France avec Wallerand de Saint-Just soutenu par le FN et le RBM ». Et comme étiquette politique : « Front national ».

      Pourquoi être tout à coup si catégorique ?  Et pourquoi, malgré nos instances répétées, les tracts de campagne qui nous sont proposés ne portent-ils que le nom du FN, derechef orné de la traditionnelle flamme.  J'en viens ce soir à me demander à quoi rime pour moi cette campagne, si je dois semblablement me laisser enfermer... 

mardi 18 février 2014

Sur le Rassemblement Bleu Marine, le constat et les causes de sa mise en panne, et les moyens de lui donner plus de consistance.

Samedi 15 février 2014. – Revenons à la question laissée en suspens mercredi, et cette nécessaire « majorité de gouvernement à quoi le FN ne suffira pas seul ». Il n'y a rien de plus essentiel pour moi aujourd'hui – et, bien entendu, rien de plus délicat à traiter. C'est en effet la lancinante question du RBM, objet de tous mes soucis depuis des mois, et plusieurs fois abordée ici par bribes au fil des dernières semaines, qu'il faut poser dans son ensemble, et regarder en face. D'abord pour dresser un désolant constat de carence – qui se lit à la simple consultation du « site officiel du RBM », dont le dernier document mis en ligne date du 4 février 2013 ; le document précédent date du  4 décembre 2012.

      « Nous ne sommes pas loin de la coquille vide », me disait lundi dernier l'un des lecteurs de ce blog, et tête de liste RBM dans une municipalité importante – plus de 150 000 habitants, pour reprendre les seuils officiels ; il n'est pas membre du FN, ni d'ailleurs du SIEL, mais adhérent direct du RBM et s'étonne d'avoir aussitôt été versé dans les cadres du FN, ce qui, ai-je découvert ces derniers mois, a lieu partout en France mais qui l'a tant étonné qu'il parle aussi de « tromperie sur la marchandise ». C'est cette équivoque, dont l'effet est de placer ceux qui croyaient n'adhérer qu'au RBM mais se retrouvent en fait au FN, qui crée les déconvenues et ruptures observées ces derniers temps – voir par exemple l'épisode de Gamaches, et le sort du pauvre Arnaud Cléré qui se trouvait bien au SIEL, mais que le ténor local du FN a forcé à adhérer à son  parti, d'où le jeune homme, sans doute instable et trop sensible, s'est enfui à toutes jambes, rejoignant finalement l'UMP, et le néant... Ce genre d'affaires, certes locales, mais assez nombreuses (on en vit dans les Bouches-du-Rhône, en Gironde, en Alsace...) révèle, et c'est bien ce qu'il y a de pire, qu'une partie des cadres locaux du FN, et nombre de ses militants, ne regardent pas d'un bon œil le RBM, et s'en font même, à l'occasion, les adversaires. Nul n'ignore d'ailleurs que le Président d'Honneur de ce parti, toujours très actif et, comme on dit, vigilant, s'est plusieurs fois montré fort sceptique sur l'initiative du RBM...

      Tout ceci fait que la confusion règne dans les esprits, qui ne comprennent goutte aux rôles respectifs du FN, du SIEL et du RBM : « tout le monde s'y perd » me dit le candidat que j'évoquais plus haut – il est moins étonné que moi de ce qu'un jeune militant du FN refuse de figurer sur ma liste RBM, motif pris de ce qu'il était « FN pur » et ne voyait pas l'utilité d'une alliance – voir 8 février. Mardi, lors de mon « café politique » au « Parloir » de la rue du Vieux Colombier, plusieurs participants, pourtant de bonne volonté, mélangeaient tout, l'un affirmant, croyant bien faire, que le SIEL était un renfort pour le RBM, un autre se demandant si le RBM était « autre chose que le rassemblement du FN et du FN », etc. En vain tentai-je d'expliquer ce qu'est une alliance, comme la gauche en noue régulièrement – lors des Législatives de 1967, la FGDS (Fédération de la Gauche Démocrate et Socialiste, regroupant la Convention des Institutions Républicaines de François Mitterrand, la SFIO et le Parti Radical) qui faillit battre l'alliance UNR, UDT, RI, CNIP soutenant de Gaulle – notons au passage que même les gaullistes avaient besoin d'alliés... Et c'est bien l'Union de la Gauche regroupant le PS, les Radicaux de gauche et le PCF qui porta François Mitterrand aux portes de l'Elysée en 1974, puis l'y fit entrer en 1981.

      L'histoire électorale de la Ve République est faite d'alliances ; Marine Le Pen en est consciente et le répète. Mais je m'étonne que tant de ses partisans ne l'écoutent pas, ne semblent pas  le comprendre, ou vouloir le comprendre. Le résultat est que ce pauvre RBM est au milieu du gué : ni fait ni à faire. La confusion règne dans les esprits. Je crois qu'il faut oser la nommer, faute de quoi elle risquerait, je le crains, de perdurer longtemps... Or, la France n'attendra pas et ne pourra aller éternellement de prometteuses élections en élections prometteuses...

lundi 17 février 2014

Sur le bonheur de la campagne et l'urgence de décongestionner Paris ; sur deux phrases d'Albert Camus.

Vendredi 14 février 2014. – Comme toujours, le retour à Mirebeau est délicieux – j'aime ce village poitevin par sa banalité même, le voisinage aléatoire de ses beautés cachées et de ses désolantes laideurs, les grâces et les disgrâces des coteaux environnants... La tumultueuse installation rue de Rennes, et surtout la campagne électorale à Paris m'empêchent d'y venir souvent, et la grande maison, abandonnée depuis des semaines aux pluies et au froid, paraît toute endormie au milieu des herbes humides. Le chat, que ma camériste vient nourrir chaque jour mais que la solitude finit par engourdir, hiberne dans un coin du salon ; il s'étire lentement à mon arrivée, déploie son indifférence ostensible, mais ronronne dès la première caresse, puis me suit partout, peut-être pour s'assurer que je ne repars pas – de toute la soirée,  ses ronronnements ne cessent plus. Je pousse la chaudière, puis allume de grands feux dans les cheminées. Dîner frugal et délicieux (bon bourgogne, jambon fumé et fromages de chèvre très vieillis...), puis me couche avec l'énorme amas de journaux trouvé dans la boîte aux lettres – qui me ramène hélas aux préoccupations de Paris... Mais ici les « nouvelles », c'est-à-dire les mauvaises nouvelles, perdent un peu de leurs alarmes, et l'épouvantable état des affaires de la France paraît moins dramatique, comme désamorcé – raison de plus pour souhaiter que les Franciliens repeuplent les régions à moitié désertées : il le faut non seulement pour redonner vie à nos campagnes, notre grand joker, et pour décongestionner le tentaculaire Paris, mais aussi pour restaurer l'art de vivre en France et regagner l'espoir qu'elle puisse un jour être redressée.

     Ai découvert dans un Valeurs Actuelles du mois dernier un bel article de Robert Redeker sur Albert Camus – notamment ces deux phrases qui montrent combien le Prix Nobel, qui se disait de gauche comme on l'était au XXe siècle (pour être du coté du peuple, des  opprimés et des pauvres gens – tout ce qui fait que l'on est aujourd'hui de droite) « rejetait en même temps l'armature intellectuelle de la gauche, le progressisme historique, et même l'évènement supposé réaliser ce progrès, la Révolution française ». Redeker relève cette phrase de L'Homme Révolté : « Les principes de 1789 préparent les deux nihilismes contemporains, celui de l'individu et celui de l'Etat ». Forte phrase : là où la civilisation française reposait sur un secret mais distant accord entre les individus et l'Etat, entre les Français et Paris, qui empêchait l'hypostasie d'aucun des deux pôles, encadrés par les Corps, les Corporations, mais aussi les provinces – le « Roi en ses Etats », la République a substitué un tête-à-tête qui a poussé l'un et l'autre dans l'excès de leurs logiques propres.

     De Camus encore : « Je ne crois pas assez à la raison pour souscrire au progrès », qui n'est pas d'un homme de gauche, ni même d'un Moderne (c'est à peu près la même chose) mais d'un pur classique. La pensée classique a plus d'alliés qu'on ne croit. Là-dessus, éteignons nos mes feux ; rien n'égale un long sommeil au fond d'une maison éloignée, toute endormie parmi les brumes...

samedi 15 février 2014

Sur une lettre reçue à propos du mariage chrétien

Jeudi 13 février 2014. – Peu de temps à donner à ce journal aujourd'hui ; du moins voudrais-je recopier ce passage d'une lettre que m'envoie un lecteur de ce blog, trouvée hier dans ma boîte de Radio Courtoisie : 


« Le mariage chrétien est une balise, un phare dans la nuit des désirs anarchiques ».  Ici, tout est dit d'un trait.

(Je ne m'éloigne pas des municipales : célébrer le mariage n'est-il pas une fonction du Maire ? Je n'en célébrerais aucun entre personnes du même sexe ; s'il se trouve un adjoint pour se prêter à cette mascarade, la loi sera respectée – aussi mal assise soit-elle, et scandaleuse la façon dont elle fut arrachée au Sénat l'an dernier...).

vendredi 14 février 2014

Journal de campagne à Paris (janvier - mars 2014)

Mercredi 12 février. – Ce que j'ai écrit ici au sujet du RBM, en particulier le 7 et 8 de ce mois, a soulevé toutes sortes de commentaires – signe, au moins, que l'on n'écrit pas pour rien... Un lecteur me dit tout uniment que seul le Front National compte, que le RBM est inutile, et le SIEL itou, que tout cela ne fait qu'embrouiller les esprits, et que, même, « toutes les personnalités qui soutiennent Marine Le Pen sans être au Front national ont le choix : soit ils entrent (au Front), soit ils disparaissent du tapis » (sic). Tel était aussi le sens du message d'un auditeur reçu tout à l'heure lors de mon émission du mercredi soir, message qui faisait suite à l'entretien que j'ai eu en duplex avec la tête de liste RBM à Nancy, le jeune (23 ans) Pierre Ducarne qui expliquait pourquoi il avait rejoint le SIEL, tandis que j'annonçais dans la foulée la création des Jeunes du SIEL. « Encore une fois, écrit littéralement cet auditeur, des microbes politiques rendent confuses des notions qui devraient être claires. Ne nous dispersons pas : tous autour de Marine ! ».

     Par libéralisme, j'ai accepté que ce message soit lu à l'antenne, mais, hormis un court rappel que « les microbes politiques sont aussi derrière Marine », je me suis abstenu de répondre sur le fond, d'une part pour ne pas gêner l'une de mes invités, elle aussi tête de liste RBM dans un département du Sud où je connais ses difficultés, d'autre part parce que la question est si délicate que je ne veux répondre que « sine ira et studio », sans colère et en raisonnant avec application.

       Je tenais pour isolées quelques étranges réactions au RBM que j'avais vues lors de ma campagne en Haute-Marne, où deux (deux seuls) militants du Front déchiraient mes affiches parce qu'ils prenaient ou feignaient de prendre le RBM pour un concurrent du FN – et de même quelques autres affaires révélées ici ou là, que j'ai également voulu regarder comme des réflexes d'arrière-garde. Mais hélas la controverse ne s'apaise pas, et je la crois plus vive encore cette année : je le vois dans ma campagne à Paris, où les candidats SIEL, et d'ailleurs toutes les têtes de liste qui ne sont pas membres du FN, ont grand mal à être présentées comme candidats RBM afin d'afficher une ouverture, pourtant indispensable à Paris : je l'avais vu hier au soir aussi, lors de mon premier « café politique », au « parloir chrétien » de la rue du Vieux Colombier, où le débat a beaucoup roulé sur l'articulation FN/RBM.

     Il me faut donc y revenir – à quoi je vais m'employer demain car il se fait tard ; il faut enfin éclaircir ce qui doit l'être et qui tient  en une seule phrase : Marine Le Pen est le cœur de la seule entreprise  de restauration politique qui reste à la France, et celle-ci passe par la construction d'une majorité de gouvernement, à quoi le Front National ne suffira pas seul...