Journal de Paul-Marie Coûteaux

"Une certaine Idée de la France et du monde"

La vertigineuse addition des délires du système des partis, de l'égotisme de notre bocal politique où se sont perdus, hélas, ceux qui ont tour à tour prétendu relever le drapeau, d'une longue suite de gouvernements nuls, de l'incurie de dirigeants qui n'ont de responsables que le nom et, par-dessus tout, de l'oubli par notre peuple de tout souci de lui-même, a créé autour de nous une situation certes douloureuse mais que la France a souvent connue : le chaos. Nous voici près de ce que Bainville appelait la "récurrente anarchie française", dont nous n'apercevons encore que les premiers prodromes. Ce n'est pas une raison pour croire que la France se meure. Qui connaît l'Histoire sait qu'elle en a vu d'autres, et que l'essentiel est toujours, et en dépit de tout, de faire vivre une idée de la France, et à travers elle une idée de la diversité et de la beauté du monde. Cette idée resurgira tôt ou tard : il suffit de la garder au coeur, de distinguer ce qui meurt et ce qui vit, de voir, de comprendre, de protéger la langue, et d'écrire. Voici la suite d'un journal que je tiens depuis 1992, dont j'ai déjà fait paraître des extraits dans un ouvrage, "Un petit séjour en France", ainsi que divers blogues-notes, "For intérieur" puis "Une certaine Idée"...


lundi 10 février 2014

Journal de campagne à Paris (janvier - mars 2014)

Jeudi 6 février 2014. – La cafouilleuse retraite du couple en perdition Hollande-Ayrault a, entre autres bénéfices, celui de révéler que la « Loi famille » comportait bel et bien des dispositions sur la procréation médicale et la « gestation pour autrui » : c'est ce qui ressort des marques de dépit de ceux qui, au sein de la majorité écolo-socialiste, persistent à vouloir que les députés se saisissent nonobstant de la question. Déjà, en janvier dernier, Mme Taubira, sentant monter l'opposition au « mariage pour tous »,  prenait les devants et signait une circulaire permettant d'inscrire à l'état civil des enfants nés du commerce utérin – pudiquement nommé « Gestation pour Autrui » ou, plus édulcoré encore, GPA. Mais on entend aujourd'hui des arguments à tomber à la renverse : « Si les couples homosexuels ne peuvent avoir des enfants, il restera toujours la possibilité d'en acheter à l'étranger, puis de les faire naturaliser ».

     La GPA est admise en Californie, où les avocats  tirent grand profit des conflits qu'elle engendre : certaines « mères » porteuses refusent de se séparer de l'enfant qu'elles ont porté neuf mois, certaines « mères » acheteuses refusent l'enfant à sa livraison parce qu'il ne correspond pas au portrait annoncé, yeux pas assez bleus, etc. en sorte que des nourrissons, refusés par les acheteuses, mais que les porteuses n'envisagent pas pour autant de garder, se retrouvent sans parents ; ainsi de suite... Une société sise en Californie, Extraordinary Conceptions, propose sur son site français, en français, un catalogue de 2 000 ovules et mères porteuses dont il est précisé qu'elles « sont de race, de physionomies, et de cultures variées ». Des options sont même offertes (exemple : le choix du sexe de l'enfant est facturé 4 000 euros), comme pour des voitures en somme – dont le prix, pour ce qui est des modèles haut de gamme, est comparable : 45 000 euros. Cette activité, illégale, a pourtant pignon sur rue à Paris : on reçoit les... – comment faut-il dire ? – « acheteurs », « consommateurs », dans un immeuble du XIe, des conférences se tiennent à l'Espace Médicis situé dans le XIIIe – on se demande ce qu'attend la Municipalité de Paris pour faire respecter le droit dans la ville. Tout est prévu par Extraordinary Conceptions, section France, qui assure sur son site : « Nous obtenons pour vous en quelques jours le certificat de naissance et le passeport de votre enfant né citoyen américain ».
    
     Sombre destin pour un enfant, acheté à un ventre loué, transporté d'un continent à l'autre, puis naturalisé, etc. L'évocation d'une « naturalisation » est d'ailleurs piquante – où est la nature dans tout cela ? Mais le chantage est tout aussi scandaleux : « Adoptez nos lois, ou nous nous en passerons et contournerons le droit ». Républicains en peau de lapin ! Le pire est que la déchristianisation des esprits, et désormais des réflexes, est si avancée, la marchandise domine tellement la vie de nos contemporains, que l'idée de louer des ventres, d'acheter et de vendre des corps va désormais de soi. « Combien l'avez-vous payé vot' gamin? » On entendra bientôt de ces phrases – et ce sera comme si elles allaient d'elles-mêmes...

     J'ai toujours pensé que, derrière le mariage homosexuel (et c'était bien là l'une des raisons de mon opposition), viendrait très vite cette horreur, l'achat et la vente d'êtres humains, à laquelle le christianisme avait réussi à arracher l'humanité et que réinvente le caprice d'une poignée d'hommes et de femmes qui, pourtant, peuvent vivre et s'aimer à leur guise, mais en veulent toujours plus dans l'anti-nature. Ces fanatiques ne se rendent pas compte qu'ils ne sont que le fer de lance du monde hyper-marchand – un monde américanisé, ou californisé jusqu'à la moelle, et en voie d'ensauvagement rapide.  

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