Journal de Paul-Marie Coûteaux

"Une certaine Idée de la France et du monde"

La vertigineuse addition des délires du système des partis, de l'égotisme de notre bocal politique où se sont perdus, hélas, ceux qui ont tour à tour prétendu relever le drapeau, d'une longue suite de gouvernements nuls, de l'incurie de dirigeants qui n'ont de responsables que le nom et, par-dessus tout, de l'oubli par notre peuple de tout souci de lui-même, a créé autour de nous une situation certes douloureuse mais que la France a souvent connue : le chaos. Nous voici près de ce que Bainville appelait la "récurrente anarchie française", dont nous n'apercevons encore que les premiers prodromes. Ce n'est pas une raison pour croire que la France se meure. Qui connaît l'Histoire sait qu'elle en a vu d'autres, et que l'essentiel est toujours, et en dépit de tout, de faire vivre une idée de la France, et à travers elle une idée de la diversité et de la beauté du monde. Cette idée resurgira tôt ou tard : il suffit de la garder au coeur, de distinguer ce qui meurt et ce qui vit, de voir, de comprendre, de protéger la langue, et d'écrire. Voici la suite d'un journal que je tiens depuis 1992, dont j'ai déjà fait paraître des extraits dans un ouvrage, "Un petit séjour en France", ainsi que divers blogues-notes, "For intérieur" puis "Une certaine Idée"...


mercredi 12 novembre 2014

Dimanche 9 novembre deux mil quatorze, Chabreville

On dit que Nicolas Sarkozy a prononcé vendredi soir à Paris un fort et long discours patriotique, un « discours de président ». La vérité est que le futur candidat joue sur du velours : il n’a qu’à s’avancer sur le boulevard que lui a ouvert Marine Le Pen, boulevard dont je me serai tué à annoncer qu'il profiterait tôt ou tard à M. Sarkozy en chacune de mes conversations avec la Présidente du prétendu « R »BM – laquelle aurait eu largement le temps de renouveler et littéralement « prendre » une droite empatouillée dans ses vasouilleries avant « le retour » de l’ancien Président qui, pour raté qu’il soit, ne va pas moins lui permettre d’occuper désormais le terrain laissé vacant.

          (Qu’elle m’écoute ? Rétrospectivement, je ne vois pas comment j’ai pu m’illusionner ; il n’eût pas seulement fallu qu’elle m’écoutât, d’ailleurs, mais qu’elle soit entièrement différente de ce qu’elle est…)

         Le soir, après le ballet (il y a ici un ballet tous les jours, qu’Alain regarde avec d’amusants enthousiasmes – ce soir nous étions à Covent Garden…), je me plonge dans la lecture du Journal 1914 de Jacques Bainville. J’aimerais en retranscrire ici une page ou deux, tant tout est fort. Au moins ceci, à la date du 9 août : « Guillaume II vient de lancer une proclamation où il expose les raisons qui l’ont poussé à « entreprendre la lutte contre un monde d’ennemis ». Ainsi, il n’y a pas seulement le fait : l’invasion de la France – comme en 1870, comme en 1939… Il n’y a pas seulement cet autre fait, que les plans de l’état-major allemand pour envahir la France étaient prêts depuis 1909, puis révisés en 1911, l’Empereur n’attendant plus qu’une occasion de les mettre en œuvre. Il y a aussi cet aveu : Guillaume explique en personne pourquoi il a voulu la guerre ! Comment douter de la responsabilité première de l’Allemagne ? 

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