Journal de Paul-Marie Coûteaux

"Une certaine Idée de la France et du monde"

La vertigineuse addition des délires du système des partis, de l'égotisme de notre bocal politique où se sont perdus, hélas, ceux qui ont tour à tour prétendu relever le drapeau, d'une longue suite de gouvernements nuls, de l'incurie de dirigeants qui n'ont de responsables que le nom et, par-dessus tout, de l'oubli par notre peuple de tout souci de lui-même, a créé autour de nous une situation certes douloureuse mais que la France a souvent connue : le chaos. Nous voici près de ce que Bainville appelait la "récurrente anarchie française", dont nous n'apercevons encore que les premiers prodromes. Ce n'est pas une raison pour croire que la France se meure. Qui connaît l'Histoire sait qu'elle en a vu d'autres, et que l'essentiel est toujours, et en dépit de tout, de faire vivre une idée de la France, et à travers elle une idée de la diversité et de la beauté du monde. Cette idée resurgira tôt ou tard : il suffit de la garder au coeur, de distinguer ce qui meurt et ce qui vit, de voir, de comprendre, de protéger la langue, et d'écrire. Voici la suite d'un journal que je tiens depuis 1992, dont j'ai déjà fait paraître des extraits dans un ouvrage, "Un petit séjour en France", ainsi que divers blogues-notes, "For intérieur" puis "Une certaine Idée"...


dimanche 2 novembre 2014

Jeudi 30 octobre deux mil quatorze, Paris

LF reprend sur mon compte un tableau IFOP indiquant que la proportion des Français approuvant ou désapprouvant la « gestation pour autrui » s’est nettement renversée en six ans : en 2008, 33 % des Français lui étaient opposés et 61 % favorables ; en octobre 2014, les favorables ne sont plus que 43 % et les opposants 56 %. Où s’aperçoit un fol espoir : que les Français se mettent à réfléchir, et à ne pas se prononcer sous le seul chef des bons sentiments, des réflexes libertaires ou égalitaires, de la croyance en ce faux progrès qui a longtemps laissé penser aux imbéciles que tout ce qui était nouveau était nécessairement supérieur à tout. 

            Le plus touchant, parmi les témoignages de compréhension et d’amitié  que je reçois sur le pou-poutch de Marine Le Pen sur le SIEL et de ses carpettes en mal d’investitures électorales, est le nombre inattendu d’approbations venues de militants et même de dirigeants du Front National. Certes je n’ai pas de haine pour l’immense majorité des électeurs et militants du FN – j’ai même pour eux un certain respect et pourrais en dire autant pour bon nombre de ses cadres ; je n’en regrette que davantage de les voir si mal dirigés, et de mesurer l’étendue du ravin d’inculture, d’égocentrisme et d’autoritarisme niais dans lequel s’abîment tant et tant de bonnes volontés, si souvent écrasées sous les chenilles du tracteur Le Pen. Je parle de « tracteur à chenilles » parce que l’on me fait aimablement remarquer que le mot bulldozer que j’ai utilisé à son sujet doit être ainsi traduit en français – le piquant est que cette aimable traduction vient de haut, le compère Louis Aliot qui s’est fendu avant-hier d’un SMS presque aimable me signalant cette traduction… Il est vrai qu’il me reproche aussi la succession de ce qu’il nomme mes trois autres trahisons, celles de Pasqua, Villiers, Chevènement. Point crucial en effet, et pour moi crucifiant : mais  je ne crois pas avoir trahi Charles Pasqua, qui s’est lui-même perdu dans une multitude d’affaires qui l’ont neutralisé en un tournemain sans que je l’y enfonce le moins du monde, le défendant au contraire longtemps ; quant à Philippe de Villiers, il s’est abandonné lui-même, submergé sous les yeux de tous par une épouvantable affaire de famille dans laquelle je ne suis entré en rien, mais d’où il n’est hélas jamais sorti ; Chevènement s’est trahi tout seul en glissant des sommets de son discours de Vincennes en septembre 2001 jusqu’aux plus obscurs calculs d’un ralliement à Lionel Jospin, l’opération « Troisième homme » n’ayant finalement pas d’autre dessein que de faire élire un vieux trotska dont il espérait devenir le Premier ministre – les quelques personnalités de droite qui l’ont soutenu, ce sont elles qui ont été bel et bien trahies… Je ne vois donc pas ce que j’ai trahi, cher Louis, pas plus que je n’ai trahi Marine puisque c’est elle qui, ne respectant pas le partenariat avec le SIEL, pas plus que sa promesse de ne pas intervenir dans ses affaires et, c’est bien le pire, l’esprit de rassemblement qu’elle affichait, a manqué à sa parole, à sa signature, à l’élan populaire que je ne demandais pas mieux que créer avec elle. D’ailleurs le SMS d’Aliot qui dit son regret de n’avoir « pris » pour interlocuteur parmi les souverainistes l’obscur M. Fédou ou Karim Ouchikh « pus tôt » (sic !), avec lesquels il aurait été, ajoute-t-il, plus facile de s’entendre, confirme à merveille ce que je dénonce, l’incapacité à travailler avec quiconque n’est pas un affidé. Ce verbe prendre est  d’ailleurs si éloquent que j’ai répondu à son SMS par celui-ci : « mon cher vieux Louis je ne doute pas que, Fédou ou Ouchikh,  Marine Le Pen s’entendra toujours fort bien avec ses valets »…

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