Journal de Paul-Marie Coûteaux

"Une certaine Idée de la France et du monde"

La vertigineuse addition des délires du système des partis, de l'égotisme de notre bocal politique où se sont perdus, hélas, ceux qui ont tour à tour prétendu relever le drapeau, d'une longue suite de gouvernements nuls, de l'incurie de dirigeants qui n'ont de responsables que le nom et, par-dessus tout, de l'oubli par notre peuple de tout souci de lui-même, a créé autour de nous une situation certes douloureuse mais que la France a souvent connue : le chaos. Nous voici près de ce que Bainville appelait la "récurrente anarchie française", dont nous n'apercevons encore que les premiers prodromes. Ce n'est pas une raison pour croire que la France se meure. Qui connaît l'Histoire sait qu'elle en a vu d'autres, et que l'essentiel est toujours, et en dépit de tout, de faire vivre une idée de la France, et à travers elle une idée de la diversité et de la beauté du monde. Cette idée resurgira tôt ou tard : il suffit de la garder au coeur, de distinguer ce qui meurt et ce qui vit, de voir, de comprendre, de protéger la langue, et d'écrire. Voici la suite d'un journal que je tiens depuis 1992, dont j'ai déjà fait paraître des extraits dans un ouvrage, "Un petit séjour en France", ainsi que divers blogues-notes, "For intérieur" puis "Une certaine Idée"...


mardi 18 novembre 2014

Vendredi 14 novembre deux mil quatorze ; Paris, où s’illustre tous les jours l’espiègle saillie de Montherlant : « la vieille ne voulait pas mourir car elle en apprenait tous les jours »…

Qu’on en apprenne tous les jours, la règle s’est encore confirmée tout à l’heure tandis que j’allais prendre un café au « parloir chrétien » de la rue du Vieux Colombier : j’y appris pratiquement « de la bouche du cheval » que, lors des municipales, la petite section FN du VIe arrondissement a joliment fait campagne contre le malheureux candidat du RBM ; cette source étant bonne, je presse mon interlocuteur de questions et finis par comprendre que les « vieux de la vieille » du Front national n’ont jamais voulu valider la campagne d’un gaulliste, préférant collectionner les procurations, voter et faire voter en faveur d’une dissidente UMP évincée de la liste du Maire. Je crois d’autant plus cette information, certes difficile à vérifier, que je n’ai en effet bénéficié d’aucun concours des FN locaux ; et même, je me souviens avoir été apostrophé par l’un d’eux lors d’une réunion en janvier – sur l’inépuisable affaire d’Algérie, que bien entendu de Gaulle a lâchement abandonné, etc. Les souvenirs me reviennent de cette triste campagne : celui, par exemple, de cet artisan, membre du FN, qui m’assurait ne pas pouvoir figurer sur la liste RBM, alors qu’il était, lui, résolument FN… Me reviennent aussi les souvenirs de Haute-Marne, où je fus si souvent en bute au sectarisme des FN locaux, lesquels jugeaient que l’investi de Paris n’était pas des leurs. Ces souvenirs, il me faut les rassembler pour le livre croquignolet que je commence à mettre en ordre sous la forme de « Lettre à Marine Le Pen » : à achever vite pour être assuré d’une publication au Printemps – mais, Diable !, pour celui-ci je ne trouve pas le titre…


            Ne lâche pas Bainville pour autant, et veux verser ici ce coup d’œil perçant que seul un maître sait jeter sur l’avenir : « Deux puissances, même victorieuses, ne peuvent manquer de sortir diminuées de cette guerre : l’Autriche parce qu’elle ne sera plus qu’un satellite de l’Allemagne, la France parce qu’elle ne sera plus qu’un satellite de l’Angleterre ». Sans doute faudrait-il écrire « satellite des États-Unis », ou pour mieux dire, des Anglo-Saxons ; mais cette vue de 1914 est d’une lucidité à tomber. 

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